🥇 Le Prix CArCoB 2021 vient d’être attribué à mon livre. J’en suis très touché. C'est une reconnaissance scientifique à nul autre pareil, du moins à mes yeux.

⛽️🚢C'est à partir de là que le détroit d'Ormuz est devenu stratégique. On en a beaucoup parlé lors de la guerre Israël-USA-Iran. Voici un récent fil pour comprendre les actuels enjeux autour de ce point de passage vital pour l'économie mondiale :.

💬Pour les extraits BD utilisés, il s'agit de "Chroniques diplomatiques, tome 1 : Iran, 1953" (2019) et "Les meilleurs ennemis, première partie (1783-1953)" (2011). Vous aurez aussi reconnu le dessin animé Persepolis (2007), dont je reprendrai une case de la BD originelle (2003).

Si ce fil🧶vous a plu, n’hésitez pas à me suivre✅, à RT et à l'envoyer ou tagger vos amis amateurs d'histoire & géopolitique. Je publie souvent en thread des histoires originales du mouvement social au sens large et de ses militants, d’ici et d'ailleurs🗺️

🧶La seconde partie du fil sera publiée ce week-end et reviendra sur la préparation du putsch de 1953, ses acteurs, ses soutiens et surtout ses conséquences, en Iran (l’écrasement de la gauche ouvre la voie aux islamistes) et dans le monde (nouveau mode opératoire de la CIA).🕵

Mossadegh démissionne en juillet 1952 afin de revenir plus fort. Son parti et ses alliés, surtout le Tudeh, rassemble 100 000 manifestants à Téhéran en soutien. Mais la police leur tire dessus (36 morts). Le Chah rappelle Mossadeq qui obtient les pleins pouvoirs durant six mois.

🚢Le Royaume-Uni met graduellement en place un embargo dans le golfe Persique et persuade ses alliés européens de s’y associer. La Banque d’Angleterre gèle les fonds iraniens. La production pétrolière s’écroule. La famine menace. Mossadegh est davantage critiqué parmi les siens…

🇬🇧L’espionnage britannique (MI6) élabore des projets de putsch en Iran depuis ‘48. Les travaillistes y sont ouverts mais restent prudents. Le retour de Churchill à Downing Street en octobre ‘51 désinhibe l’esprit colonial de l’Empire,prêt à revenir aux vieilles méthodes brutales.

🇺🇸Mossadegh tente d’amadouer les États-Unis. Craignant évidemment que l’Iran ne tombe dans l’escarcelle soviétique, Truman se pose en médiateur. Le Tudeh le conspue et manifeste massivement quand débarque à Téhéran son conseiller Averell Harriman,le gestionnaire du Plan Marshall.

👨‍⚖️L’AIOC traîne d’abord l’Iran devant la Cour internationale de justice de La Haye mais la procédure traîne. @CIJ_ICJ finira par se déclarer incompétente,donnant raison de facto à Mossadegh. Une démarche similaire envers le Conseil de sécurité de @ONU_fr ne donnera rien non plus.

Le Premier ministre est assassiné par un islamiste. L’ambassadeur iranien aux USA le remplace. Sous la pression du parlement (Majlis) et de la rue, le pétrole est nationalisé (15 mars 1951). Mais la réaction britannique est si furieuse que Mossadegh lui succède un mois plus tard.

L’AIOC s’est montrée inflexible durant les négociations antérieures et n’a pas hésité à menacer l’Iran de sabotage (tous ses cadres sont britanniques), de blocus ou même d’intervention militaire occidentale. Les Américains s’en mêlent toujours plus. La tension devient électrique.

Le Venezuela, second exportateur d’or noir, est le premier pays pétrolier à obtenir en 1948 ce partage après de grandes grèves et a sitôt encouragé le Moyen-Orient à suivre son exemple. Le président vénézuélien est toutefois renversé peu après par un coup d’état, avec l’aide US…

Mossadegh veut nationaliser le pétrole afin de financer de grands projets socio-industriels. L’Iran est alors le principal producteur de pétrole du Moyen-Orient. L’APOC, devenue AIOC (1935), verse seulement ±15% de ses revenus au Chah contre 50% entre USA & Arabie saoudite(1950).

Mossadegh incarne un nationalisme laïc, social-démocrate, parlementariste, souverainiste et anti-colonial à la Nehru. Quoique leur relation ait souvent fluctué, Tudeh le soutient activement, après 2 ans de clandestinité (un attentat raté contre le Chah lui a été attribué à tort).

Enfin, les nationalistes sont représentés par Mohammad Mossadegh. Ex-fonctionnaire réputé pour son intégrité, député, ancien gouverneur, ex-ministre, ce constitutionnaliste déjà fort âgé (1882) parvient à réunir une majorité derrière le programme novateur de son Front national.📜

Le Parti communiste (Tudeh) croît fortement durant cette période au nord, à Téhéran, à Ispahan, surtout parmi les ouvriers, intellectuels et minorités (Azéris, Kurdes, Arabes). Le Premier ministre Ghavam lui offre en 1946 trois ministères (santé, économie, éducation) pour 6 mois.

Les monarchistes pèsent lourdement sur la vie politique et veulent une dictature militaire forte. Les Britanniques et Américains les appuient pleinement par anticommunisme. Le clergé chiite en fait ±de même par conservatisme mais il n’y a pas encore de courant islamiste cohérent.

L’Iran est alors une démocratie classique jusqu’à 1953. C’est exceptionnel dans son histoire. Même si les élites et les Britanniques gardent leurs privilèges, les droits fondamentaux sont respectés dans un équilibre précaire. Trois grandes forces politiques s’opposent librement :

L’Union soviétique veut en 1946 garder au nord-ouest une république autonome d’Azerbaïdjan et un embryon d’État kurde (Mahabad) mais y renonce finalement, trop affairée en Europe. La crise irano-soviétique n’entraîne pas de grands remous. L’Iran passe au second plan pour Staline.

Mais Reza se rapproche de l’Allemagne nazie. Lorsqu’Hitler envahit l’URSS en 1941, Staline et Churchill s’accordent pour vite occuper l’Iran et remplacer Pahlavi par son fils. Le nouveau jeune Chah veille ensuite à ne pas choisir entre les deux blocs au début de la Guerre froide.