L’Allemagne a été pionnière des EnR dans les années 90. Dès 1991, Helmut Kohl instaura la toute première loi au monde en faveur des EnR : dorénavant, les grands énergéticiens auraient l’obligation de récupérer et rémunérer l’électricité produite par des tiers à partir d'EnR.

La gauche est ensuite arrivée au pouvoir, actant dès 2000 que l’électricité renouvelable serait injectée en priorité dans le réseau. Un nouveau système de tarif d’achat garanti sur 20 ans incitait les particuliers à investir.

Et une taxe payée par les consommateurs finançait la transition. La part de renouvelables est ainsi passée de 6,3 à 17 % en dix ans 📈. En 2010, la région de Bavière comptait à elle seule plus de panneaux solaires que les États-Unis et le Japon réunis ensemble !

Cette transition énergétique était aussi citoyenne. En 2010, près de la moitié des capacités de production EnR appartenait à des coopératives citoyennes, des particuliers et des agriculteurs. Seuls 5 % appartenaient aux géants de l’électricité 🇩🇪 (RWE, Vattenfall, E.ON, EnBW.)

Mais la contre-attaque n’a pas tardé. Les grands groupes voyaient d’un mauvais œil cette énergie citoyenne qui lui prenait des parts de marché : 1 kilowattheure sur 7 lui échappait.

Angela Merkel parvenue au pouvoir, un décret passé en catimini signait la fin de la croissance exponentielle du solaire et de l’éolien : les énergéticiens obtinrent le droit de revendre en bourse l’électricité renouvelable, tout en bénéficiant de généreuses aides de l’État.

Résultat : tandis que les bénéfices des gros énergéticiens s’envolaient, les consommateurs payaient le courant de plus en plus cher. Et le gouvernement exempta de plus en plus d’entreprises de payer la taxe sur la transition, ce qui reportait d’autant la charge sur les ménages.

Le coupable de la hausse des tarifs, qui deviendraient les plus chers d’Europe, était tout trouvé : les énergies renouvelables.

Avec l’association patronale 🇩🇪 INSM, RWE a multiplié les campagnes de désinformation auprès des politiques, des médias et du grand public, racontantt que les EnR étaient très chères et qu’on subventionnait des technologies qui ne marchaient pas.

Sans jamais citer de source, le fidèle bras droit d’Angela Merkel, Peter Altmaier, propageait par exemple que la transition énergétique coûterait 1 000 milliards d’euros...

Les grands groupes ont alors commencé à vendre l'idée du "charbon propre", une technologie censée réduire les émissions des centrales. C’est ainsi qu4ede nouvelles centrales à charbon ont vu le jour en 2012, en 2015 puis en 2020.

La puissance des nouveaux parcs photovoltaïques a été limitée et les subventions drastiquement réduites. L’industrie solaire 🇩🇪, la première au monde en 2011, était à genoux. « Un grand succès », se félicita en 2012 Peter Altmaier, ministre de l’Environnement (conservateur, CDU).

Le travail de lobbying de RWE est aussi entaché de pratiques illégales. 2 dirigeants de la CDU d’Angela Merkel furent contraints à la démission après que la presse ait révélé qu’ils avaient indûment perçu des dizaines de milliers d’euros de la part de l’énergéticien.

En Rhénanie, où RWE exploite des mines, près de 200 élus locaux étaient alors des salariés de la société.

Les lobbies du gaz ont aussi œuvré pour vendre le gaz comme une énergie propre et bonne pour le climat. Moins émetteur de CO2 que le charbon, le gaz fossile a même été estampillé « technologie de transition » en Allemagne 😬.

Comme indiqué dans mon livre "Criminels climatiques", l’industrie du gaz, notamment russe, bénéficie de relais au plus haut niveau, notamment l’ex-chancelier social-démocrate Gerhard Schröder.

Surnommé par la presse allemande « le lobbyiste en chef de Vladimir Poutine », Schröder a durant son mandat activement milité pour que l'Allemagne achète massivement du gaz russe...

...avant de rejoindre dès la fin de son mandat, en 2005, le conseil d’administration de la société des gazoducs Nord Stream.

Avec près de 50 % de renouvelables, le pays a renouvelé la moitié de son mix électrique en moins de vingt ans. Mais aujourd'hui, l'Allemagne investi deux fois dans les EnR qu'en 2010 (28 milliards d'euros en 2010 contre 13 milliards en 2021)...

Pour en savoir plus, lisez "Criminels climatiques" (sur les liens entre industrie du gaz russe et l'appareil d'Etat allemand) et cette enquête de @Reporterre de Violette Bonnebas qui a inspiré ce thread.

Petit addendum pour les trolls "CéLécOLos" : 500 scientifiques se sont associés afin de dire que l'exploitation du charbon par RWE à #L ützerath n'est pas nécessaire pour assurer la sécurité technique de l'approvisionnement et la stabilité du réseau 🇩🇪.